L'eau clapote doucement contre les pierres à demies immergées du port. Le soleil est haut dans le ciel, ses rayons apportant à ce jeudi une chaleur réconfortante que les habitants de Cornac ne refusaient jamais. Les lieux étaient étrangement calmes, même pour un après-midi de semaine. Les mouettes régnaient en maîtresses et abreuvaient l'air salé de leurs cris perçants.
C'était une belle journée.
Quelque soit votre raison, vous errez sur le port. La tranquillité remplie de vie des lieux vous berce et votre esprit baigne dans une sérénité presque éthérée. Rien ne semble pouvoir la troubler. Votre regard s'éteint sur les petites maisons avoisinant le port et les bateaux de plaisances qui flottent paisiblement sur les flots bleutés. Vos yeux s'arrêtent sur ce qui semble être une petite boutique comme coincée entre deux autres bâtiments, dont la vitre est totalement opaque. Vous vous creusez un instant votre mémoire : était-elle déjà là à votre dernier passage ? Elle ne vous dit pourtant rien.
Vous vous rapprochez et constatez que nulle pancarte n'indique l'identité du lieu. Cependant, un écriteau en bois est accroché sur la porte sur lequel vous pouvez lire :
Prédictions et présages, augures et conseils Venez accepter le destin dans votre vie Pour la modique somme de 25 €
Une petite ligne a été rajoutée à la main sous la phrase d'accroche :
Non remboursable !!!
Fonctionnement du sujet Envie de connaitre de quoi ton demain sera fait ? N'hésite pas à entrer dans la petite boutique ! Pour des raisons de fluidité, quelques règles sont à respecter :
─ Un joueur à la fois ! Vous postez votre message pour entrer dans la boutique, et une intervention MdJ viendra mystérieusement apparaître pour vous répondre. Une fois celle-ci postée, un autre membre peut entrer.
Le premier membre pourra répondre pour décrire sa réaction au post MdJ à sa guise, mais ne pourra plus interagir avec le MdJ.
Voilà ce qui avait poussé Constance à sortir de la boutique durant sa pause déjeuner, un appel inopiné et bien peu agréable de son grand frère. Pas qu’ils se soient hurlé dessus, ou autre, juste que les propos parfois un peu insistant et lourd de ce frère bien trop curieux et absent du paysage familial avaient tendance à étouffer Constance qui ne rêvait que d’une chose, qu’on la laisse en paix et surtout entourée de ses livres sans autres questionnements ou réflexions dans sa bulle de bien-être. Adrien avait choisi d’appeler directement à la boutique et non sur le portable de Constance, bien trop conscient que celle-ci ne prêtait guère attention à celui-ci.
Un soupir qui s’échappe des lèvres de Constance, alors qu’elle profite de cette marche pour se relaxer et profiter un peu de l’air salée et agréable qui emplit ses narines au fur et à mesure de ses pas. Alors que les mots d’Adrien tourne encore dans son esprit embrumé.
« Ah ben là tu réponds. »
Voilà comment la conversation avait commencé, le ton donné, et Constance regrettant déjà d’avoir décroché le téléphone, peu importait le ton jovial et moqueur de son frère, rien que cette phrase avait eu le don d’exaspérer Constance. Ils avaient enchaînés sur des banalités, la libraire se limitant comme toujours au strict minimum, sauf quand Adrien de toute sa finesse vint aborder ce sujet qui exaspérait Constance : le sombre idée de son frère a vouloir éliminer tout ce qui pourrait de près ou de loin devenir un mari pour sa jeune sœur.
Seulement voilà, Adrien est persuadé que Constance lui cache un homme dans sa vie ou encore des aventures. Sauf que Constance si il y a bien quelque chose sur lequel elle ne déroge pas depuis plus de cinq ans, c’est son célibat. Alors entendre les vociférations faussement ou à juste titre protectrice de son frère sur un sujet qui n’eut point lieu d’être, fut au-delà des apparences bien suffisant pour agacée la jeune libraire.
Néanmoins à mesure que ses pas foulent le pavé, et s’engouffrent à cœur perdu au port, Constance vient à retrouver la quiétude perdue quelques heures plus tôt. Un autre soupir, plus détendu cette fois-ci s’échappe de ses lèvres charnues, alors que son regard bleu vient à être attiré par une étrangeté. Ses pas se stoppent, arrêtant net le cliquetis régulier de ses talons sur le sol. Constance avait toujours vécu à Cornac, elle en connaissait par cœur chaque recoin, mais cette boutique elle ne l’avait encore jamais vu. Rien de familier, ni dans la devanture, ou dans l’emplacement à croire que sorti d’un roman, tout était apparu comme par magie.
Constance d’aussi loin que ses souvenirs la porte, n’avait jamais entendu parlé de la construction d’un nouveau bâtiment et encore moins d’une boutique de ce genre. Néanmoins par la curiosité, elle s’osa bien loin de ses tribulations matinales à s’approcher, détaillant avec attention la vitrine, effleurant des doigts l’écriteau en bois. Elle ne se souvenait pas de sa vie avoir déjà fait ça. Être déjà entrée dans une boutique de prédiction ou s’être fait révéler son destin par une tierce personne.
Mais pourquoi pas après tout. Constance n’avait pas de rêves, et tout ce qu’elle voyait de sa vie, de son futur, se reflétait déjà dans ce présent bien trop morne. Elle finirait ses jours dans la librairie, tel un roman oublié sur une haute étagère, et dont personne ne se soucie.
Alors sans trop savoir pourquoi elle entre, pousse la porte avec précaution, jette un œil avant de pénétrer complètement à l’intérieur. Elle y est les dés sont jetés. Sa voix file entre ses lèvres.
Un petit carillon teinte alors que tu pousses la porte de l'étrange boutique. La première chose qui te frappe, c'est l'odeur de sauge, d'encens et peut être d'autre chose qui t'agresse les narines sans préavis. L'ambiance est tamisée, la lumière n'est pas allumée. Dans l'obscurité de la pièce, ta salutation hésitante se perd. Tu l'entends s'enfoncer dans la pénombre, étouffée. Puis le silence. En plissant un peu les yeux, tu peux constater que la boutique brille par son absence d'objets et de meubles, si ce n'est qu'une petite table d'ébène qui semble trôner au fond de la pièce. La lueur d'une petite flamme projette des ombres immenses vers toi, alors qu'elle se rapproche. Tu entends un pas lourd, grinçant dans ce que tu supposes être des escaliers. Une porte s'ouvre, en face de toi.
D'une démarche assurée, une femme au port altier s'approche. Elle ne semble pas vraiment étonnée de te trouver là. Tu vois sur son visage plissé le passage du temps. Tu lui donnes facilement une soixantaine d'années, si ce n'est plus. Elle est vêtue d'une petite robe sans prétention, à imprimé à fleurs. Elle a tout de la gentille grand-mère, si ce n'est l'acier de son regard bleu qui te fixe longuement, comme si elle semblait voir... Voir quoi, d'ailleurs ? Tu ne saurais dire. D'un claquement de langue agacé, elle rompt le silence.
─ Eh bien, installez vous, ne restez pas bêtement là à bailler aux corneilles. Et fermez la bouche s'il vous plait, c'est inconvenant.
Sa voix, tel un croassement dans lequel semble rouler un orage paisible, te fait revenir à la réalité. Tu te doutes que c'est quelqu'un qui a l'habitude de se faire obéir. Alors qu'elle pose avec une fermeté qui t'étonne la petite bougie sur la table, tu remarques une chaise faite du même bois, accolée. Tu prends place et surprends de nouveau son regard glacial posé sur toi. Les lèvres pincées, la vieille femme te scrute pendant un moment comme suspendu dans le temps. Tu remarques ses traits droits, son nez aquilin, ses cheveux sombres. Enfin, tout est sombre dans cette pièce, de toute façon, tu ne saurais donc dire.
Quand ton attention descend sur ses mains, tu vois qu'elle bat un jeu de carte avec la dextérité de quelqu'un qui a sans doute fait ça toute sa ─longue─ vie. Sa voix crissante résonne dans la petite pièce.
─ D'autres vous demanderaient sans doute si vous avez une question. Ce n'est pas mon cas. Sa voix est entrecoupée par les bruits des cartes à la tranche argentée. Ce que je vais vous montrer, mon enfant, sont des possibilités. Ce que pourrait être votre futur, si vous continuez à marcher sur le fil du Destin que vous suivez actuellement. Elle renifle avec dédain. Et sachez que je n'ai que faire de votre vie amoureuse, je ne serais par conséquent pas celle qui vous prédira votre prétendue rencontre avec un beau blond sorti de nul part.
Sa langue claque de nouveau, accompagnée du bruit sourd de la pile qu'elle abat sur la table.
─ Trois cartes, pour trois possibilités.
D'un geste sûr, elle étale ces dernières en arc de cercle parfait. Sur leur dos est représenté un corbeau à trois yeux qui tient dans son bec ensanglanté un croissant de lune. Elle ne te quitte pas des yeux alors qu'un de ses doigts noueux sépare l'une des cartes de ses sœurs. Elle la retourne et penche légèrement la tête sur le côté, pensive. Tu te penches sur la carte. Le 5 de Coupe est représenté par une jeune femme qui tient entre ses mains un récipient qui semble recueillir ses larmes. Dans son dos, pourtant, brille le soleil.
─ Vous avez des difficultés à vous éloigner d'un passé qui vous hante. Vous avez des regrets, des remords peut-être, dont vous ne parvenez pas à vous détacher. Vous ne voyez pas devant vous, car vous êtes trop préoccupée à regarder vers l'arrière. Ses yeux bleus semblent comme s'adoucir, mais ce n'était sans doute qu'un effet de lumière provoqué par la flamme de la bougie. Apprenez à pardonner. Apprenez à vous pardonner. Vous risquez d'être emprisonnée à jamais dans votre chagrin.
Les mots restent suspendus dans l'air embrumé d'encens. Une nouvelle carte vient se poser à côté de la première. Des bâtons se croisent dans une impression de chaos. Le 5 de Bâton.
─ Votre second cinq, remarque-t-elle d'une voix neutre. Celui-ci signale un conflit ainsi qu'une grande colère. Elle peut-être tournée contre vous ou contre quelqu'un qui vous est proche. Elle transmet votre solitude, alors que vous n'arrivez pas à rallier votre entourage à vos visions ou votre avis. Une certaine frustration en ressort. Sa bouche se pince d'un air sévère. N'oubliez pas d'écouter, même quand vous êtes concentrée sur votre colère.
Elle t'observe encore un instant et la pression de ses yeux sur toi devient presque insupportable. Elle ne regarde pas la dernière carte qu'elle retourne sur les autres avec un sourire sardonique. Celle-ci, tu la connais. Elle a une faux équivoque.
─ La Mort. Peut-être la vieille dame lit-elle l'inquiétude sur ton visage, car elle agite sa main d'un air nonchalant. Cela ne veut pas forcément dire que vous allez mourir, bien sûr. Vous allez subir un changement. Un grand changement. Vous allez connaître la fin d'un cycle pour en commencer un nouveau. Une sorte de renaissance. Les deux billes azures de son regard brillent un instant alors que son sourire se fait plus pointu. Comme c'est intéressant, elle murmure pour elle-même.
Quand à toi, tu en as assez entendu pour aujourd'hui. Tu te sens presque vidée de toute énergie devant ces cartes cruelles qui semblent moquer ta vie. La vieille dame se redresse. Les cartes ont disparu.
─ Je ne vous fais pas payer ce tirage. Les épreuves qui vous attendent sont bien assez dures comme ça, plaisante-t-elle sans une once de compassion. Fermez bien la porte derrière vous en partant.
Son ricanement étouffé t'accompagne alors que tu prends congé dans l'obscurité. Tu sais qu'il te hantera longtemps.
HRP : Le prochain participant peut poster ! N'hésitez pas à décrire l'intérieure de la boutique, maintenant qu'elle est dévoilée :)
Divination. Art complexe qu'il comprenait difficilement. De nombreux mages rouges pouvaient pourtant lire différents messages dans les entrailles ou les coupes sanglantes, mais ça n'avait jamais été son cas. Il n'aime nullement arpenter les chemins tortueux du temps à la recherche d'un futur qu'on ne pouvait de toute façon que caresser. Destinée qu'il exècre. Il faisait partit de ses personnes qui croient que tout peut être changé, que ce destin n'est qu'une trame illusoire que l'on peur défaire puis refiler à convenance. Il n'y a que des hommes et des choix, des bons, des mauvais et c'est comme ça. La fatalité peut être esquivée tant qu'on ne veut pas d'elle, tant qu'on refuse ses caresses, qu'on est prêt à contenter les doigts cadavériques de la faucheuse d'un peu de sang, d'un peu de violence pour qu'elle s'éloigne. Rien n'est réellement écrit et il ne comprenait pas comment les devins pouvaient réussir à voir au-delà de toutes ces possibilités changeantes. Il ne savait pas si cette 'Madame Irma' était une réelle pratiquante, mais le mystère qui entourait sa boutique avait suffit pour qu'il veuille s'y ramener à la recherche d'indice sur ce qui pourrait bien l'attendre. Il attendait autant des murmures sur une puissance cachée qu'il pourrait trouver, un artefact millénial à déterrer pour vaincre le reste de l'inquisition ou refaire la face du monde qui sait. À moins qu'elle ne soit celle qui préfère parler des maux d'un cœur qui se liait trop difficilement aux autres, qu'elle évoque l'âme-sœur ou il ne sait quoi encore. De toute façon, il saurait dénicher l'usurpatrice trop facilement. Il suffisait qu'elle n'évoque pas l'identité trompeuse pour qu'il la prenne pour un charlatan. Car si elle ne percevait rien du sang qu'il porte sur les doigts, des corps qu'il traîne dans son dos, de la colère qui le ronge alors elle se révélera fausseté. Mirage de couleuvre qui n'en a qu'après la monnaie qu'il devra poser gentiment sur sa paume à défaut de pouvoir les lui jeter à la gueule. Vingt-cinq euros. Ça lui paressait plutôt être une somme basse pour une véritable professionnelle commerçant ses services, à moins qu'elle ne soit de ses douces sorcières ne souhaitant qu'aider son prochain. Il verra bien qu'il se dit en ouvrant la porte, s'infiltrant à l'intérieur sous le son d'une clochette.
— Bonjour ?
Personne de visible. C'est sombre, proche d'une obscurité qui ne sied pas vraiment à la blondeur de sa chevelure, l'allure d'un Arthur qui a pus l'habitude d'être baigné de lueur qu'autre chose. La boutique est vétuste, comme si on n'avait uniquement voulu se concentrer sur l’essentiel. Elle est plus remplie d'odeurs que de meubles. Il n'y a qu'une table alors qu'il avait pourtant cru lire qu'on y proposait divers instruments de divination. Legrand aurait-il menti (encore), aurait préféré écrire une brève sans réellement explorer l'endroit. Ça ne l'étonnait pas réellement. Il s'approcha de la table, laissant ses bruits de pas se répercuter dans l'endroit comme s'il souhaitait toujours plus annoncer sa présence. Elle était noire, deux chaises l'encadraient. — Il y a quelqu'un ? qu'il finit par demander tentant de scruter l'indiscernable. Tout était recouvert d'un linceul que la faible lumière peinait à chasser. Sourire déjà prêt à être dégainé peut importe qui sortait de il ne sait où.
Telle ombre dans la nuit, la silhouette dont les pas résonnent dans l’escalier apparait sous les yeux presque hésitant de Constance. La boutique est imprégnée d’une aura que la libraire ne saurait décrire, une aura qui lui rappellerait presque le bureau de sa mère, et cette odeur de sauge qui emplit ses narines est la même que dans sa librairie. La boutique lui donne l’impression réconfortante d’être à la maison sans que Constance ne puisse se permettre de l’exprimer.
La jeune blonde hébétée restant quelques instant face à la prestance de la femme qui se trouvait en face d’elle, son port altier, sa démarche, elle n’avait rien des dames parfois rustres et sans manière de Cornac, et Constance ne se souvenait aucunement l’avoir déjà croisé quelque part d’aussi loin que sa mémoire puisse la porter.
C’est le claquement de langue significatif de la propriétaire qui sorti Constance de sa contemplation muette, lui faisant immédiatement fermer la bouche, un faible navrée s’échappant des lèvres presque pincées de Constance, impossible de ne pas s’incliner devant la sévérité naturelle de cette femme, alors qu’obéissante Constance prends place, cherchant à faire le moins de bruit possible, venant d’un geste une fois assise lisser le tissu bleu marine de sa jupe longue, alors que relevant la tête son bleu regard acier croise celui de la prédicatrice. Et c’est comme si le temps venait de stopper sa course, pour savourer cet instant.
Le bruit régulier du mouvement des cartes comme seule musiques aux oreilles de Constance alors qu’elle détaille les mains habiles qui les manipulent. Alors que la voix crissant de la femme vient stopper la mélancolie venue se nicher dans le regard de Constance.
Qu’on ne lui demande pas de poser une question cela l’arrangeait à Constance, parce que des questions elle n’en avait tout simplement pas. Et elle n’avait bien que cure de sa vie amoureuse, son célibat lui convenait et elle ne se voyait de toute manière pas prête ou encline à laisser quelqu’un entrer durablement dans sa vie. Alors les propos de la femme lui convenait, la jeune libraire hochant lentement la tête sans un mot, laissant son regard se perdre une nouvelle fois sur les cartes.
Alors que les cartes une à une s’abattent sur la table en bois.
Le passé. Pour Constance cette carte représente sa mère, cette lumière indescriptible qu’elle n’a pu sauver et pour qui elle aurait donné encore bien plus que sa vie. Un passé qui la dévore encore et encore, chaque jour un peu plus, tel un monstre tapi dans son cœur, tenant entre ses griffes le reste de son âme. Emprisonnée. Les mots de la prédictrice venant résonner brutalement dans tout le corps de Constance.
Le présent. Adrien. La colère, la frustration, le ressentiment, mais celle contre qui elle est vraiment en colère Constance, c’est elle-même. Adrien n’étant que la face visible de l’iceberg, il était le seul à savoir comment faire sortir toute cette colère enfouie, tout ce que Constance s’évertuait à garder rien que pour elle. La mâchoire de Constance imperceptiblement se contracte alors qu’attentive elle note mentalement tous les mots de la femme.
Rencontre de deux regards, alors que Constance se sentirait presque étouffée, alors que déglutir lui semble bien plus pénible qu’à l’accoutumé et que la dernière carte vient révéler son véritable atout. La Mort. Pas de réaction sur le visage de Constance, rien, pas même un vacillement alors que patiente elle cherche à connaître la signification de cette carte si peu lumineuse. Pour sortir au plus vite de cette boutique qui l’empêche de respirer.
Renaissance. Fin d’un cycle. Tout ce que Constance espérait c’est que son père ne serait pas acteur de cette fin de cycle et que la Mort, la véritable n’aurait pas voix au chapitre de cette probable nouvelle existence. Alors qu’exténuée, crispée, Constance glisse un remerciement sincère, elle ne demande pas son reste pour sortir de la boutique, fermant délicatement la porte derrière elle, enserrant dans ses mains la poignée toujours dans son dos, alors que lentement ses yeux se ferment, et qu’elle ne ressent plus qu’une faiblesse nauséabonde.
Tout ce qui envahit Constance à cet instant, c’est la Peur.
Sur la table la flamme de la bougie déjà bien entamée vacille alors que tu t'engouffres dans les ombres projetées. Un bruit crissant d'une porte qui s'ouvre alors que face à toi apparaît la silhouette altière au visage marqué par les années. Son regard d'acier se pose sur toi alors qu'elle se fige, dure et froide, sa bouche laissant jaillir le son d'un claquement sec et agacé. Sa voix s’élève, rude et sans appel, méprisante alors qu'elle semble presque croasser entre ses lèvres émaciées.
─ Installez-vous, plus vite nous commencerons, plus vite vous disparaîtrez de ma vue.
Sans plus de cérémonies elle prend place sur la chaise face à la tienne, tu peux le sentir Arthur, au plus profond de toi, cette femme te conspue ouvertement alors que d'un geste sec elle commence à battre le jeu aux tranches argentées. Des mouvements vifs et rapides pour son âge, l'art de toute une vie alors que sa voix s'élève à nouveau.
─ Même si votre engeance putride possède peut-être quelques maigres connaissances en la matière, je vais tâcher d'être claire. Un silence, son regard d'acier semble te transpercer de part en part alors qu'elle extirpe une première carte du paquet. ─ Trois cartes, trois possibilités.
La flamme de la bougie semble frémir alors qu'elle la pose face révélée devant toi. En observant l'image tu peux voir se dessiner une figure cornue, tête de bouc sur un torse humains aux sabots fourchus dont les mains tiennent ce qui ressemble à des laisses menant à deux colliers emprisonnant le cou de deux personnages, le premier, un homme, se trouve à sa gauche alors que le second, une femme, se trouve à sa droite, le premier ferme les yeux comme effrayé alors que la seconde semble hurler à plein poumon sa douleur et sa peine.
─ Le diable. Un rictus mauvais se dessine sur les lèvres charnues alors que sa voix claque. La bête qui sommeille muselée qui se réveille. Vos plus vils instincts, prenez garde à vos impulsions, car elles sont là, elles grattent, elles fouillent, n'attendant que la faille pour sortir au grand jour. si vous les laisser faire, elles vous dévoreront. Le sang appelle le sang, mais ça vous le savez.
Sur ces mots la flamme de la bougie s'éteint brutalement alors qu'elle extirpe une autre carte du paquet aux corbeaux à trois yeux tenant dans leurs becs ensanglantés un croissant de lune. D'un geste nette elle la retourne alors que s'impose la figure de deux sirènes nues s'enlaçant de leurs queues, pourtant, l'une comme l'autre laissent entrevoir une main se dirigeant vers chacune des bordures de la carte, comme pour tenter d'attraper leurs coins pour s'en échapper.
─ Les Amoureux, alors que sa voix laisse paraître une once de surprise. Le choix. Il semble que tout ne soit pas perdu pour vous jeune homme. Sa voix se part d'une neutralité solennelle. Un choix crucial vous sera donné et son impact sur votre vie ne laissera aucune chance de revenir en arrière. Il vous tiraillera et pourtant l'hésitation sera votre pire ennemie, votre cœur, du moins ce qu'il en reste, sera primordial pour l'effectuer, il semble que toutes les cartes sont déjà placées, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il s'impose à vous.
Son regard reste figé sur toi pendant un silence qui te paraît interminable, puis finalement elle tire la dernière carte du paquet, avant de rallumer la bougie d'un simple souffle. Tu n'as plus de doutes maintenant Arthur, il ne s'agit pas d'une simple vieille femme croassante de mépris. Quand sa main charnue la retourne c'est la figure d'une femme à moitié nue tenant dans sa main un sceptre tourné vers le bas, l'un de ses seins est dévêtu alors que ses cheveux tombent en cascade blonde, entre ses jambes la tête d'un chat noir s'extirpe de sa toge comme pour fixer celui qui le regarde.
─ La Reine de bâton. Un ricanement sec qui émane de la bouche fripée. Puissance et indépendance. Un personnage que l'on ne peut commander ou maîtriser. Quel ironie pour un homme comme vous de tirer une personnalité comme la sienne, la présence de cette femme ou de cet homme sera capitale d'une manière ou d'une autre. Quelqu'un que vous ne pouvez ni enchaîner, ni maîtriser et pourtant sa puissance peut nourrir la vôtre. Les deux billes azures se pointent sur toi alors que ses lèvres affichent un sourire empli d'ironie. C'est amusant n'est-ce pas, de voir les fils de plusieurs vies s'entremêler dans la toile du destin.
Et sans fioriture elle se lève brutalement, sa voix claquant de nouveau.
─ Pour vous ça fera 50, déposez l'argent sur la table et hors de ma vue. Tu ignores comment et pourquoi, mais son ton impérieux ne laisse nul place à la négociation alors que tu ne veux qu'une chose, quitter cet endroit le plus rapidement possible. De cette femme tu le sais maintenant émane quelque chose qui te glace le sang.
HRP : Le prochain participant peut déjà poster ;) N'hésitez pas à toujours décrire l'intérieure de la boutique :)
Tu tournes et tu vires dans ton lit. Encore une nuit où tu fais ce cauchemar te ramenant au jour de l'annonce de l'accident de tes parents. Tu as toujours pensé au fond de toi que c'était de ta faute. Si tu n'avais pas loupé le bus scolaire, jamais ils ne seraient venu te chercher toute hâte à l'école. Ils ne voulaient pas de laisser dehors sous la pluie à attendre alors que le jour tombe. Des gouttes coulent le long de ton front, tes yeux sont fermés et tes sourcils plissés. Puis comme à ton habitude, tu te réveilles en sursaut au moment propice. Tu sens ton coeur battre si vite que tu as l'impression qu'il cherche à sortir de ta poitrine pour fuir une fois de plus. Tu émerges alors et tu souffles enfin. Ce n'était qu'un cauchemar, LE cauchemar. Tu pensais en avoir fini avec celui-ci depuis toutes ces années, mais il est vrai qu'à chaque fois que la date de la mort des tes parents, il réapparaît. Plus jeune, ta grand-mère te glissait sous ton coussin de l'eschscholtzia une plante de la famille des coquelicots qui renferme une substance qui est efficace contre les cauchemars, les réveils nocturnes etc. Elle t'avais même fabriqué un attrape rêve qu'elle avait placé au dessus de ton lit et cela t'aidait à bien dormir.
Bref, ta journée avait mal commencé et tu étais un peu bougonne aujourd'hui. Morgane, ta petite soeur n'était pas là. Elle était déjà partie travailler quant à toi, tu avais décidé d'aller t'aérer avant d'ouvrir ta boutique d'herboristerie. Tu avais besoin de marcher un peu pour retrouver ta joie et ton hyperactivité de d'habitude et quoi de mieux que de se balader au port de plaisance. Alors que tu marches, ton oeil s'arrête sur une pancarte qui te fait sourire. Tu as toujours été attirée par l'étrange et l’ésotérisme, un peu normal quand on y baigne dedans depuis toute petite. Les gens t'ont toujours trouvé bizarre pour ça mais ils sont toujours ravis de venir te voir pour des remèdes de grand-mère. Ta curiosité légendaire prend alors le dessus et sans hésité, te voilà poussant la porte de la boutique. Le carillon retentit et ton regard virevolte dans tous les sens afin d'observer l'endroit. Tu laisses alors échapper un:
- Bonjour!
Après tout tu es une jeune femme polie. Tu t'avances et tu laisses la porte se fermer derrière toi. Tu t'attends à une réponse mais cela tarde. Tu te dis que le ou la propriétaire toi être en arrière boutique et tu es prête à explorer la boutique quand tu entends alors des pas venir à toi.
Dans la boutique l'odeur de sauge s'insuffle dans tes narines, une odeur que tu connais bien alors dans la pénombre trône la table de bois où une grosse bougie continue lentement de se consumer, sa cire commençant déjà à se répandre sur la table. Les bruits de pas que tu entends se révèlent vite à toi alors que la propriétaire se manifeste, débarquant d'une pote à l'arrière, port altier et regard d'acier qui te transperce, sa voix retentit, comme un croassement enroué alors qu'elle te montre d'un geste de main sec l'une des chaises tout en s'installant elle-même de l'autre côté de la table.
─ Installez-vous je vous prie.
Le silence, fugace alors qu'elle commence à battre les cartes de ses mains ridées, un son typique et répétitif qui envahie la pièce, comme pour rythmer cet étrange silence alors qu'elle te fixe sans ciller de son regard d'acier.
─ Trois cartes, trois possibilités. Et sur ces mots une carte saute du paquet aux corbeaux à trois yeux tenant dans leurs becs ensanglantés un croissant de lune. Un rictus qui se dessine sur les lèvres charnues alors qu'elle la retourne, révélant une femme aux pieds d'un arbre, à l'intérieur de ses mains une coupe alors qu'autour d'elle sont disposés huit autres pour former un cercle parfait.
─ Neuf de coupe. Son regard se fige en toi, comme si l'espace d'un instant elle pouvait te lire entièrement. Le vœux exaucé, un vœu qui vous est cher, ancré au plus profond de vous pourrait se concrétiser, le chemin se dessine déjà, mais il faut continuer d'y croire et d'y insuffler votre énergie, votre souffle, pour qu'il se manifeste définitivement.
Le bruit des cartes retentit à nouveau alors qu'elle finit par extirper une autre carte du paquet, un chien roulé en boule dans la nuit, l'air terrifié alors qu'autour de lui sont plantées neufs épées.
─ Le neuf d'épée, sa voix retentit à nouveau, plus neutre que jamais. Les angoisses, la dépression, les cauchemars. L'impression que la nuit ne se termine pas et ne se finira jamais, si vous vous laissez emporté par ce flux, par ce vide angoissant vous risquez de ne pas en revenir, devenir une des ces âmes errantes qui n'est plus que l'ombre de ce qu'elle fût jadis. C'est une mise en garde, vos rêves peuvent peut-être vous aider à y voir plus clair.
Aucunes émotions dans son expression et sa voix alors qu'elle finit par marquer un silence, ses mains reprenant le rythme du battage de carte avant d'extraire la dernière du paquet. Une femme s'impose, dans sa main tendue vers la ciel, un pentacle alors que sa couronne est faite de lierre et que ses pieds nues s'enfoncent dans la terre, son corps lui est recouvert d'une longue robe blanche.
─ La Reine de Denier. Elle sourit, comme pour elle-même. Conseil et abondance, quelqu'un que vous estimez et que vous considérez peut-être par certains aspects comme une mère, son lien à la nature est fort et celui qui l'unie à la terre encore plus. Vos destinées sont liées et il semble qu'ensemble vous pouvez faire croître et pousser, mais attention car tout ce qui vient de la terre finit par y retourner. Ses mains posent le jeu alors qu'elle se lève de sa chaise.
─ Je ne réponds à aucunes questions, ça fait donc 25 euros. Y'a quelque chose chez cette femme qui inspire la souveraineté et le pouvoir alors que tu t’exécutes presque par automatisme. Par beaucoup d'aspects tu es plutôt soulagée lorsque tu quittes la boutique et t'éloignes d'elle.
HRP : Le prochain participant peut déjà poster ;) N'hésitez pas à toujours décrire l'intérieure de la boutique :)
Demain j'avais rendez-vous pour le commissariat pour officialiser mon affectation dans cette région, mais cela ne faisait qu'effleurer mon esprit quand je me levais. Ces quelques jours j'ai profité de ce temps pour essayer de me reposer, mais j'étais une pile électrique. J'arrivais à aider ma tante dans les différentes tâches de la maison, car j'ai posé deux ou trois arguments sur les bienfaits de ma présence chez elle. Ma tante souriait quand elle entendait mon discours, mais ce n'était pas le cas pour son mari. Il ne disait rien, mais je voyais dans son regard et il était légèrement énervé. Il ne pouvait rien faire, car j'étais de la famille. En tout cas devant moi et ses deux filles, il arborait un sourire et il partait pour le travail de bon matin. La matinée se déroulait assez vite avec les activités faites à l'intérieur de la maison. Elles me permettaient de focaliser mon esprit sur autre chose que le dernier message écrit par ma main gauche. Je décidais d'explorer cette ville dans l'après-midi et je choisissais le port, car ma mère m'avait raconté sa petite ballade maritime avec mon père.
J'allais me vêtir pour ne pas prendre un coup de soleil. Je portais une tenue assez chic, mais elle montrait le style marin adapté pour un temps estival. Je portais des bottines marrons avec des fers et un pantalon à pince bleu nuit et une fine ceinture pour le maintenir. Pour le haut du corps, je m'habillais un maillot de corps blanc avec des bandes horizontales bleues. J'ajoutais une veste d'officier avec des lisérés blancs sur les manches. Je mettais sur ma tête un chapeau de forme originale d'une grande marque, car il s'apparentait à un mélange entre une casquette et une visière, mais plus volumineux. Je finalisais avec des lunettes de soleil aux verres rosés. Je partais en direction du port avec mon portable qui m'indiquait le chemin pour aller là-bas. Lorsque je sortais de la maison, les voisins me dévisageaient et je leur adressais un petit sourire avec un geste de la main. Ils me rendaient l'appareil en me saluant avec le sourire. Toutefois, ils n'étaient pas les seuls à me regarder ainsi, car je savais attirer l'attention sur moi avec ma tenue adéquate. Je prenais quelques photos de voiliers qui ressemblaient à celui que ma mère m'avait décrite pour son rendez-vous avec mon père. Je flânais mon regard vers le côté habitation et je voyais une devanture de boutique. Un drap obturait la vitre, mais un écriteau en bois m'intriguait, car il faisait mention de prédictions, présages, augures et conseils. Je voulais entrer, car seuls les deux derniers mots me donnait envie d'espérer de trouver une méthode pour trouver rapidement le sens des messages écrits de ma main gauche.
J'entendais le bruit distinct d'une clochette au moment où je poussais la porte. Je renfermais derrière moi et je commençais à regarder l'intérieur de la boutique. Je voyais une pièce qui manquait cruellement de meubles, par contre j'avais l'impression d'être dans une parfumerie ou une sorte de magasin en plantes, car plusieurs odeurs s'entremêlaient dans ce lieux. L'obscurité est extrêmement présente, malgré la présence d'une bougie sur une table. Je décidais de sortir mon portable pour mieux distinguer la pièce et j'essaye de trouver une seconde pièce. Je commençais diriger la lumière devant et ensuite je balayais de gauche à droite très lentement. J'étais à l'affût, car j'étais désarmée, mais je savais me battre grâce à l'école et surtout à mon grand père maternel. Je ne voulais pas manifester ma présence une nouvelle fois par ma voix. J'avais pointé le faisceau de la lumière de mon portable sur la table et je constatais une porte fermée sur le moment. Je balayais sur le côté gauche et ensuite celui de droite, mais je trouvais rien. Je décidais de faire une géolocalisation de ma position pour repérer le numéro de ce bâtiment via une photo prise dans la base de données du plan dans cette ville. Je commençais à zoomer pour voir le numéro du bâtiment avec la photo de la base de donnée du moteur de recherche. Tout à coup j'entendais des bruits de pas de l'autre côté de la porte et le son d'une poignée en mouvement m'indiquait l'ouverture de la porte. Je levais les yeux, pendant que je tapotais une dernière fois pour voir la photo prise à cet endroit -là.
Spoiler:
Désolé une nouvelle fois pour ma réaction tardive à ton mp